quarta-feira, 25 de novembro de 2009

Libertário Irrecuperável

Leia em Le Livre Messager entrevista de Michel Onfray (autor de, entre outros livros, "Antimanuel de Philosophie: Leçons Socratiques et Alternatives") concedida a Grégoire Leménager e que faz parte de um suplemento especial do Nouvel Observateur comemorativo dos cinquenta anos de morte do escritor franco-argelino.

Cela devait finir par arriver : Nicolas Sarkozy, pour qui « ce serait un symbole extraordinaire », pense très sérieusement à faire entrer Albert Camus au Panthéon. Comme Chirac y avait transféré la dépouille de Malraux. Alors, Sarkozy, Camus : même combat ? Ce n'est pas tout à fait l'avis de Michel Onfray qui, en répondant à nos questions il y a deux semaines, analysait la popularité de Camus, jusque chez George W. Bush et Nicolas Sarkozy précisément.

De son côté, Michel Onfray avait proposé dans « La Pensée de midi », un essai paru en 2007, une « archéologie de la gauche libertaire », en ré-inscrivant l'auteur de « L'Homme révolté » dans la filiation de Georges Palante et Jean Grenier. Explications.

BibliObs - Comment analysez-vous l'extraordinaire popularité de Camus aujourd'hui ?

Michel Onfray - Nous sommes sortis de l'ère idéologique, qui fut celle de la violence révolutionnaire, du terrorisme, du mensonge, de la mauvaise foi, du compagnonnage avec les totalitarismes,, de la justification des camps, du goulag. Avant tout le monde, Camus avait critiqué cette passion pour la mort. Aujourd'hui, l'Histoire lui a donné raison, les passions idéologiques d'alors ayant disparu pour la plupart, il devient ce qu'il était : un grand lucide...

BibliObs - Vous écrivez dans « la Pensée de midi » que c'est Sartre le « philosophe pour classes terminales ». Mais c'est aussi qu'on on n'étudie pas beaucoup les idées de Camus au lycée. Ni à l'université, d'ailleurs, où on le considère essentiellement comme un écrivain. Dans quelle mesure est-il tout de même, pour vous, un philosophe - plutôt qu'un romancier doublé d'un essayiste ? Et quels concepts fondamentaux nous a-t-il légués ?

M. Onfray - Un philosophe n'est pas un créateur de concepts, encore moins un professeur d'université, ni même un jargonaute, mais un être qui propose une vision du monde et vit à la hauteur de cette vision qu'il propose : Camus proposait un hédonisme tragique et il a conduit à bout l'analyse des conséquences de cet oxymore...

BibliObs -Il ne faut pas « faire parler les morts », écrivez-vous encore au sujet de Camus. Et pourtant : qu'a-t-il encore aujourd'hui à nous dire, vingt ans après la chute du Mur, sur un univers qui n'a plus grand-chose à voir avec le sien ?

M. Onfray - Il a toujours refusé la violence révolutionnaire, mais aussi celle des systèmes qui, par leur impéritie, généraient cette violence révolutionnaire. Camus a critiqué très puissamment le capitalisme, le libéralisme, le marché faisant la loi, la déshumanisation de toute politique qui, à gauche comme à droite, n'avait pas le souci conjoint de la justice et de la liberté. La justice sans la liberté, c'est la dictature ; la liberté sans la justice, c'est la loi du plus fort : il voulait la justice et la liberté, ce qui faisait de lui un libertaire...

BibliObs - Vous notez également qu'il n'a jamais prétendu proposer autre chose qu'une « pensée politique "modeste" ». Mais n'est-ce pas précisément pour cette raison qu'il est aujourd'hui si largement plébiscité ? Si tant de monde se réclame de lui, jusqu'à Nicolas Sarkozy qui a salué son « non-conformisme », quel sens peut encore avoir ce terme ?

M. Onfray - Nombre de gens parlent de Camus, en bien ou en mal, sans l'avoir lu. Ils se contentent de cartes postales... Quand Bush & Sarkozy le citent, on peut imaginer qu'ils obéissent à un cabinet de communicants... Mais pareillement pour Rocard... Lisons-le, on y trouvera un libertaire irrécupérable : la gauche et la droite en prenaient pour leur grade, il pensait par-delà ces catégories en visant la justice sociale incarnée et non l'idée de justice. Voilà pourquoi il peut tant plaire : il ne relève ni de la politique politicienne, ni de la politique spectacle, ni de la politique à papa (vieille droite contre vieille gauche), ni de la politique idéaliste (celle des Normaliens...), mais de la révolte aux côtés des opprimés, des exploités, des sans grades, des victimes de l'Histoire...

http://bibliobs.nouvelobs.com/20091119/15991/michel-onfray-albert-camus-est-un-libertaire-irrecuperable

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