
Chroniqueur médiatique et parangon de l'écrivain branché estampillé Prix de Flore, Nicolas Rey revient après "Un Léger Passage à Vide". Rupture, drogue, alcool et désintox : il se raconte avec une vivacité désenchantée par moment très touchante
Jean-Marc Jacob
À en croire Nicolas Rey, il a "connu un léger passage à vide entre 11 et 35 ans". Sans aller jusque là, il n'avait effectivement rien publié depuis "Vallauris Plage" en 2006, même si nous pouvions l'entendre régulièrement aux côtés de Pascale Clark sur Canal Plus ou France Inter. De ces activités de chroniqueur, il conserve la concision et l'efficacité en composant aujourd'hui son roman de courts chapitres, titrés chacun à la manière d'une nouvelle. Leur agencement dresse le portrait d'un dandy contemporain débordé par ses excès. Car le "léger passage" dont il est question est en réalité une véritable descente aux enfers.
Alors même qu'il s'apprête à devenir père, le trentenaire boit dès le matin, s'enfile douze Xanax, sept Stinox et consomme trois grammes de cocaïne par jour, ce qui, en plus d'être terriblement onéreux, s'avère assez désastreux pour la santé et la vie affective. Si "le whisky c'est de la lumière dans le corps", la vie auprès d'un alcoolique absent à lui-même et à son couple ne satisfait plus sa compagne, pourtant formidable : "en premier il y a Jésus Christ et, juste derrière, il y a Marion".
Clinique et Paternité
Polytoxicomanie et faillite amoureuse sont donc au cœur du récit que nous offre Nicolas Rey. Évidemment, l'exercice d'autofiction germano-prato-rockn'roll est un brin éculé, sinon a priori franchement urticant. Pourtant, Nicolas Rey nous l'emballe au charme. Que l'on soit allergique aux poses de dandy à la dérive ou méfiant devant trop de second degré, force est de constater que l'humour et le sens de la formule bien placée sont des armes redoutables. Certains personnages secondaires, certains gags récurrents sont un peu agaçants, mais le court roman se parcourt l'œil alerte et le sourire aux lèvres. En guise de rédemption, Nicolas Rey semble s'autoriser une certaine sincérité, soutenu sans doute par la paternité. Elle frisonne régulièrement derrière l'élégance du désespoir et sauve en grande partie Un léger passage à vide de l'artifice.
Dans son souci de légèreté, l'écrivain ne fait qu'effleurer son sujet, comme le suggère un chapitre consacré à un entretien avec la psy de la clinique où il entre en cure. Il le fait néanmoins avec suffisamment de grâce pour que nous le suivions dans cette voie.
http://www.lepetitjournal.com/content/view/52568/1565/
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