quinta-feira, 24 de junho de 2010

Chlodércone : Le Poison des Antilles

Les hommes exposés au chlordécone, un pesticide agricole très utilisé en Guadeloupe et en Martinique, ont 80% plus de risque de développer un cancer de la prostate. Un lien suspecté depuis longtemps et qu'une étude scientifique établit aujourd'hui.


Siri Ounechay


Le chlordécone a beaucoup été utilisé dans les bananerais antillaises entre 1973 et 1993 afin de lutter contre le charançon du bananier (Afp). Différents rapports remis aux autorités sanitaires l'ont soupçonné depuis longtemps d'être cancérigène car il jouerait un rôle de perturbateur hormonal et endocrinien. Proscrit depuis 1976 aux Etats-Unis, le pesticide a été interdit seulement en 1990 en France, mais par dérogation spéciale il a continué à être utilisé jusqu'en 1993 aux Antilles.

Un pesticide coupable


Aujourd'hui, ce pesticide est associé à "un risque augmenté de survenue du cancer de la prostate" chez les homme qui y ont été exposés. "De la présomption d'innocence, on est passé à la présomption de culpabilité", a annoncé, le professeur Pascal Blanchet, coauteur de l'étude nommée "Karuprostate" rendue publique cette semaine.

Menée par le CHU de Pointe à Pitre et l'Inserm de 2004 à 2007, l'étude s'est basée sur un échantillon-témoin de 709 hommes ayant un cancer de la prostate et 723 autres indemnes de la maladie. Elle met en évidence le lien entre la survenue d'un cancer de la prostate et l'exposition à ce pesticide, en particulier chez les personnes présentant une "concentration en chlordécone supérieure à 1 microgramme par litre de sang".

L'étude souligne que le risque est d'autant plus grand chez les patients ayant déclaré des antécédents familiaux de cancer de la prostate et chez ceux, d'origine antillaise "ayant résidé plus d'un an dans un pays industrialisé". Une expatriation dans un pays occidental conduisant en général à un changement de mode de vie et d'habitudes alimentaires entraînant des effets sur la santé.

Une pollution et des répercussions durables


Les auteurs précisent bien que la concentration dans le sang de ce pesticide provient davantage de la consommation de produits alimentaires contaminés que de la manipulation de la molécule elle-même par des ouvriers agricoles. Car bien qu'utilisés seulement pour traiter les bananes, le chlordécone a pollué les sols et les eaux des rivières, et par la même contamine tous les produits de l'élevage et de l'agriculture issus de ces sols. Une pollution durable car loin d'être biodégradable, le chlordécone reste actif pendant plusieus siècles.

Actuellement, en Guadeloupe et en Martinique, le cancer de la prostate (plus de 1.000 nouveaux cas par an) représente la moitié des cancers dépistés tous sexes confondus. Les auteurs de l'étude lancent l'idée d'un dépistage organisé.



Le Petit Journal

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