Daniel Foenkinos
La coupe du monde commence, et je sais très bien comment ça va se terminer : on va perdre en demi-finale contre l’Allemagne. Que voulez-vous ? Je crois que je suis enfermé à tout jamais dans les années 80. Je suis encore dans les dernières minutes du France-RFA de 1982, et je ne comprends toujours pas. J’avais huit ans ou presque, et Battiston était peut-être mort ou presque. Il avait été agressé par le goal allemand qui, plus tard, avouera s’être dopé ce jour-là. Comment oublier le sourire sur son visage alors qu’il avait peut-être tué un homme ?
Ce n’était pas un mauvais geste, mais un attentat. Et pourtant, la sortie ultra-violente de Schumacher fait partie d’Eloge du mauvais geste d’Ollivier Pourriol. Un livre court qui relate les six mauvais gestes mythiques de l’histoire du football, des mains de Maradona ou Henry au coup de boule incompréhensible de Zidane en finale de la coupe du monde de 2006. Pourriol est connu pour ses cinéphilo, des conférences où la lecture de Socrate peut nous aider à comprendre Matrix. Là, il donne presque dans le « philo-foot », nous expliquant la part du mythe de Sisyphe dans les dernières minutes de la carrière de Zidane. Ce livre est passionnant. Pourriol donne envie d’aimer le foot certes, mais il nous fait comprendre aussi des choses inédites. Il décrypte Zidane et « son chef d’œuvre à l’envers », sa « perte de contrôle ultra contrôlée » et conclut que le footballeur « a réussi son échec d’une manière si éclatante qu’il l’a renversé en succès ». J’ai pensé à cette phrase. Au tout début, on a crié à la folie, au scandale. Et maintenant, avec les années, que pense t-on ? Il reste de ce geste une folie fascinante, car c’est ainsi que le plus grand joueur de tous les temps finit sa carrière. À dix minutes d’une possible seconde coupe du monde. Ce saccage est l’accomplissement ultime d’une carrière exceptionnelle. De cette finale, il ne reste aucun goût de la victoire des Italiens. Zidane leur a volé la postérité.
Oui, il faut lire le livre de Pourriol pour réfléchir à tout ça. Le pauvre Henry a beau avoir marqué les plus beaux buts de la décennie, ne demeurera sûrement dans l’esprit des gens que cette main qui a tant fait débat. Que reste t-il de Cantona ? L’image de son agression d’un spectateur. Que reste t-il de Maradona ? Sa main en quart de finale de la coupe du monde de 1986. Cette main qu’il qualifiera de « main de Dieu ». Lionel Messi, le meneur argentin actuel, et Ballon d’or, joue avec des Adidas mano de Dios ! On ne parle ici que de très grands joueurs. De génies. La transgression est l’apanage du génie. Etre un grand joueur ne nécessite que du talent. Alors voilà, ils sont là, avec leurs mauvais gestes, ils sont là au-dessus du temps. Et si la postérité c’était ça ? Ne devrais-je pas donner un coup de boule à un des membres de l’Académie Goncourt ?
Ce n’était pas un mauvais geste, mais un attentat. Et pourtant, la sortie ultra-violente de Schumacher fait partie d’Eloge du mauvais geste d’Ollivier Pourriol. Un livre court qui relate les six mauvais gestes mythiques de l’histoire du football, des mains de Maradona ou Henry au coup de boule incompréhensible de Zidane en finale de la coupe du monde de 2006. Pourriol est connu pour ses cinéphilo, des conférences où la lecture de Socrate peut nous aider à comprendre Matrix. Là, il donne presque dans le « philo-foot », nous expliquant la part du mythe de Sisyphe dans les dernières minutes de la carrière de Zidane. Ce livre est passionnant. Pourriol donne envie d’aimer le foot certes, mais il nous fait comprendre aussi des choses inédites. Il décrypte Zidane et « son chef d’œuvre à l’envers », sa « perte de contrôle ultra contrôlée » et conclut que le footballeur « a réussi son échec d’une manière si éclatante qu’il l’a renversé en succès ». J’ai pensé à cette phrase. Au tout début, on a crié à la folie, au scandale. Et maintenant, avec les années, que pense t-on ? Il reste de ce geste une folie fascinante, car c’est ainsi que le plus grand joueur de tous les temps finit sa carrière. À dix minutes d’une possible seconde coupe du monde. Ce saccage est l’accomplissement ultime d’une carrière exceptionnelle. De cette finale, il ne reste aucun goût de la victoire des Italiens. Zidane leur a volé la postérité.
Oui, il faut lire le livre de Pourriol pour réfléchir à tout ça. Le pauvre Henry a beau avoir marqué les plus beaux buts de la décennie, ne demeurera sûrement dans l’esprit des gens que cette main qui a tant fait débat. Que reste t-il de Cantona ? L’image de son agression d’un spectateur. Que reste t-il de Maradona ? Sa main en quart de finale de la coupe du monde de 1986. Cette main qu’il qualifiera de « main de Dieu ». Lionel Messi, le meneur argentin actuel, et Ballon d’or, joue avec des Adidas mano de Dios ! On ne parle ici que de très grands joueurs. De génies. La transgression est l’apanage du génie. Etre un grand joueur ne nécessite que du talent. Alors voilà, ils sont là, avec leurs mauvais gestes, ils sont là au-dessus du temps. Et si la postérité c’était ça ? Ne devrais-je pas donner un coup de boule à un des membres de l’Académie Goncourt ?
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