sexta-feira, 3 de setembro de 2010

O "J´accuse !" de uma romancista que é também operária do livro


O último livro de Isabelle Desesquelles, autora de La Vie magicienne (Pocket) e La Mer l´emportera (Flammarion), é um desabafo e um alerta. Militante do livro, Desesquelles lamenta, com dolorido pesar, o triste destino reservado àquelas livrarias que encaram a promoção da cultura como algo mais que um mero escambo. Indignada, Desesquelles concebe o seu "J´accuse" e conclama a sociedade a não ceder diante dos "hommes d´affaires" que, cheios de ódio e arrogância, são incapazes de enxergar no livro, algo diverso de um mero produto para a consumação. Leia, em Le Livre Messager, a resenha de Jerôme Garcin, publicada no BibliObs, sobre "Fahrenheit 2010", o bouquin-témoignage de Isabelle Desesquelles. Título mais que apropriado para o retrato de uma época.


Une Libraire se révolte

Jerôme Garcin


Il s'appelle Jörg Hagen et il a le mérite de n'avoir aucun scrupule. En pleine rentrée littéraire, le patron de la filiale française du trust allemand Bertelsmann, qui règne sur les 59 librairies du réseau Chapitre.com (n° 2 après la Fnac), vient d'accorder une interview tintinnabulante à « Livres Hebdo ».

Il ne parle plus de livres, mais de « produits », plus de lecteurs, mais de « clients ». Il condamne la variété de l'offre, obsédé qu'il est par « la diminution des stocks ». Son objectif ? « Vendre plus de best-sellers en les valorisant dès l'entrée du magasin ! » C'est un businessman très séduisant. Dans « Fahrenheit 2010 » (Stock, 16 euros), Isabelle Desesquelles le surnomme « Blondinet ». Il est petit, nerveux, a « une voix de poulie qui grince » et, soucieux de rentabilité, « se fiche éperdument des livres ».

Romancière sensible, Isabelle Desesquelles dirigeait la célèbre et centenaire librairie Privat, à Toulouse, que le groupe de Jörg Hagen a rachetée en 2005. En mars dernier, elle a demandé à être démissionnée. Elle avait l'impression de devenir « une poubelle ». Ce métier qu'elle aimait tant, qu'elle pratiquait si bien, le big boss de Chapitre.com (rebaptisé ici Lachaîne) l'a dénaturé et l'en a dégoûtée. Elle croyait à la vertu du temps, qui finit par récompenser les beaux textes aux tirages confidentiels ; elle voyait sa librairie comme « un lieu où le texte, né d'un tumulte intime, puisse respirer un peu ». On lui a ordonné d'en faire un supermarché, d'y vendre en priorité « le Journal d'un vampire » et des piles de « livres burgers », de porter un gilet orange et de placer des cartes de fidélité. Aujourd'hui, elle n'a plus de travail, mais elle a sa dignité. Erri De Luca, Marie Ndiaye et Jean-Paul Dubois, ses écrivains de chevet, viennent de perdre leur meilleure passeuse. Ce que Jörg Hagen préfère appeler « une caissière ».


BibliObs

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