sábado, 5 de fevereiro de 2011

Egypte : la Bibliothèque d'Alexandrie sauvée par les Jeunes

Préservée des casseurs par la mobilisation de jeunes manifestants ou membres du personnel, la bibliothèque d'Alexandrie est fermée jusquà la levée du couvre-feu.


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Le week-end dernier, des bandes de casseurs se dirigent vers la bibliothèque d'Alexandrie, au milieu des manifestants. Témoins du danger, de jeunes égyptiens, étudiants et autres, se regroupent pour prendre la défense du lieu mythique.

"Les jeunes gens se sont organisés, afin de faire la circulation, de protéger le voisinage et de faire front devant les établissements publics les plus prestigieux comme le musée d'Egypte et la bibliothèque d'Alexandrie. Ils ont prêté main forte à l'armée, en attendant le rétablissement de l'ordre public", commente immédiatement Ismail Serageldin, directeur de la bibliothèque, sur le site Internet de la Bibliotheca Alexandrina.

Grâce à cette mobilisation, la bibliothèque a pu être sauvée mais elle devrait rester fermée jusqu'à la levée du couvre-feu. Pour cela, il faudra que le climat politique ait retrouvé une certaine forme de stabilité, ce qui, en ce vendredi 4 février, était loin d'être acquis.

Acte de résistance symbolique

"La bibliothèque doit son salut à la jeunesse égyptienne, que ces jeunes fassent partie du personnel ou des manifestants, qui nous aident à protéger le bâtiment des vandales et des pillards. En ce qui me concerne, j'y reste toute la journée, dans la limite du couvre-feu", poursuit Ismail Serageldin.

La Bibliotheca Alexandrina, inaugurée en 2002 d'après un projet de l'UNESCO soutenu par l'actuel président Moubarak, héberge cinq millions d'ouvrages en langue arabe, française et anglaise. Construite approximativement à l'emplacement de la bibliothèque antique - qui fut entièrement détruite en 642 dans des circonstances encore non élucidées - elle est l'un des principaux centres culturels du bassin méditerranéen et l'un des symboles de la civilisation égyptienne.

L'acte de protection du lieu, “refuge de la pensée”, revêt lui aussi un caractère éminemment symbolique, comme l’analyse Ingrid D. Rowland, enseignante à l'Université Notre-Dame, pour The New York Review of Books :

"Ce mouvement de la jeunesse, écrit la sociologue, comparable à celui des manifestants du Caire partis protéger le musée égyptien après qu'un groupe de pilleurs eut brisé deux vitrines d'exposition et détérioré deux momies, n'est pas seulement un geste de protection envers les livres et les collections, sublimes, qui reposent sous la coupole : c'est une manière de défendre une idée (...) Ces jeunes montent désormais la garde pour nous tous".

Si, comme le montre une video parue sur Al-Jazeera, le musée a subi de graves détériorations, la bibliothèque d’Alexandrie reste debout, phénix historique qui a déjà pu renaître une fois de ses cendres.

Ce vendredi, des dizaines de milliers de manifestants étaient comptabilisés dans la seconde métropole d'Égypte.


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