A Editora Zulma dá início a publicação da correspondência completa do escritor sueco August Strindberg, na tradução de Elena Balzamo. Leia em Le Livre Messager, artigo publicado na Magazine Littéraire de outubro, sobre este lançamento.
Lionel Richard
Pas un jour ne passait sans qu´August Strindberg (1849-1912) prît la plume pour deux ou trois missives. Sa correspondance est donc un réservoir d´informations sur les aléas de son exigence, les milieux fréquentés, ses réactions à l´égard de son entourage. De ses privations d´étudiant à ses déboires de journaliste tenu en laisse et, aprés avoir abandonné son emploi miteux à la Bibliothèque royale de Stockholm, à ses rêves de conquérir une renommée d´auteur dramatique à Paris, notre homme toujours tout feu tout flamme n´arrête pas d´écrire aux membres de sa famille, aux littérateurs qu´il connaît, à des directeurs de revue ou à des éditeurs. Il leur dévide ses anathèmes, ses invectives, ses convictions, ses interrogations. Envoyer des lettres lui sert principalement à crier sa révolte et son individualisme indéfectible. Bien qu´écrasé des dettes, il tient à exprimer son refus de toute compromission qui, dans l´ordre de son activité littéraire, aliénerait une parcelle de son indépendance. Il ne veut "marcher avec personne". Il veut "rêver" quand son coeur réclame. "Je ne permettrai jamais que mon activité dépende de la critique ou des caprices du public, je n´obéirai qu´au besoin de ma propre nature", prévient-il à l´intention de l´un de ses éditeurs en 1884. S´affirmant disciple de Jean-Jacques Rousseau, il se proclame un opposant définitif des "réactionnaires", l´adversaire à jamais de "la classe supérieure". Orgueilleusement, il se résigne à ne voir autour de lui, jusqu´à la paranoïa, que des ennemis. Que cherche-t-il à fuir en choisissant de s´exiler en France ou en Suisse? Les "miasmes de la pourriture suédoise ". Mais, sous le allures du matamore, affleure le noeud de souffrances non étalées. En attestent ses contradictions. Tout en professant l´athéisme, il souhaite ne pas perdre la chance d´obtenir l´intervention charitable de Dieu au cas où il aurait besoin d´être sauvé de la misère. Il est à la fois partisan d´une émancipation de la femme et contre le "féminisme", tour à tour amoureux et misogyne, admirateur de la solitude aristocratique de Nietzsche et adepte du "socialisme". Quant à la littérature, elle le "dégoûte". Il trouve "ignoble" de "se mettre à nu". En ne cessant, pourtant, d´accumuler romans, pièces de théâtre et confessions autobiographiques.
La candeur n´est pas son fort. Il scandalise en toute conscience. Avec cynisme, il se félicite de ses provocations. En une langue imagée, nerveuse, débridée, voire vulgaire, il tranche sur tout et fustigue sans pitié. En français, le choix de ses lettres, une fois sa publication terminée, couvrira l´ensemble de sa vie, ou presque. Trois volumes sont prévus. Le tout représentera, en dehors de simple messages ou billets, un dixième seulement de ses 70000 envois. Cette rage épistolaire, qui se matérialise par près d´un tiers des 72 tomes de ses Oeuvres Complètes, ne nous était que fort mal perceptible jusque-là. Elle confirme une évidence: avec Strindberg, la Suède possède son génie littéraire, et sans égal.
Fonte: Le Magazine Littéraire, n. 490, outubro de 2009, pg. 44
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