La République des Livres
Mais qu’a voulu dire exactement le poète Jacques Roubaud dans le long article qu’il vient de publier dans Le Monde Diplomatique sous le titre “Obstination de la poésie” (pas d’autre lien possible, désolé) ? On ne peut qu’être (plus ou moins) d’accord sur le constat : la poésie perd du terrain dans les journaux, elle est victime d’une forme extrême d’effacement ; cette “chute de poésie” a précipité une évolution formelle en cours depuis longtemps (via Mallarmé, puis les Surréalistes), à savoir l’importation des Etats-Unis du VIL (Vers International Libre) ni compté ni rimé qui domine largement dans les festivals poétiques un peu partout ainsi que dans les revues ; découragés par l’absence d’écho à leur travail, certains poètes se tournent vers le roman, le théâtre ou l’opéra ; heureusement la Toile est là qui manifeste le “besoin de poésie” des lecteurs à travers le Slam ; malheureusement, tout cela dégénère en “vroum-vroum”, c’est à dire en poésie de performance à grands coups de happenings désormais mise en exergue dans toute entreprise de spectacle dit vivant, parfois vide de mots mais pleine de sons, oralité privilégiée au détriment du texte poétique et de son écriture. Soit. Mais Jacques Roubaud dénonce “le risque (c’est pour moi un risque)” que cette dimension orale fasse disparaître non seulement le livre de poésie mais même sa représentation sur écran. Il y voit une amputation et une régression. Il est vrai que ce triomphe des saltimbanques serait un retour aux origines, celles des troubadours et de leurs jongleurs. Il engage donc à lire des livres et des revues et à écouter des enregistrements ou à regarder des vidéos. Avant de conclure :
“Ce que je viens d’écrire est pour défendre le point de vue suivant : que la poésie a lieu dans une langue, se fait avec des mots ; sans mots, pas de poésie ; qu’un poème doit être un objet artistique de langue à quatre dimensions, c’est à dire être composé à la fois pour une page, pour une voix, pour une oreille, et pour une vision intérieure. La poésie doit se lire et dire”.
Ce qui au fond, à la relecture, est très clair.
http://passouline.blog.lemonde.fr/2010/01/25/jacques-roubaud-denonce-le-vroum-vroum-poetique/
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