Florentin Collomp
Dans la mode, on dit souvent que le secret de la réussite, c'est l'entente entre le deux membres du tandem créateur-gestionnaire, façon Yves Saint Laurent-Pierre Berge. Chez Hermès, il était le tandem è lui tout seul. Pendant vingt-huit ans (sur quarante ans de maison), Jean-Louis Dumas fut à la fois le gérant et le directeur artistique de la maison familiale. Cela explique sans doute qu'on pût, un soir mémorable de fête comme seul Hermès sait en organiser chaque année, croiser ce patron plus que respectabeau milieu de la Salle Wagram, à Paris !
C'était ça le style Jean-Louis Dumas : la classe sans se prendre au sérieux, la rigueur protestante mêlée à une fantaisie débridée. Cet homme vif, chauve, pince-sans-rire, au charme illimité, a été le bon génie d'Hermès qui, sans lui, serait peut-être resté un antique sellier parisien au lieu de devenir la plus prestigieuse de marques de luxe au monde.
Jean-Louis Dumas faisait partie de la cinquième génération d'héritiers du fondateur Thierry Hermès par sa mère Jacqueline Hermès, épouse Dumas. Son pendant près de vingt ans, après son grand-père, Émile Hermès.
Après Sciences Po et l'Algérie, il part travailler pour le grand magasin Bloomingdale's à New York. Pluis il accomplit son voyage initiatique Paris-Katmandou au volant d'une 2CV. L'influence de l'Inde marquera définitivement son univers créatif. De retour au bercail, il rejoint la maison familiale, comme nombre de ses aïeux et cousins, et prend sa tête en 1978. Il lui aut alors s'imposer dans ce cénacle où la voix de chaque représentant de la vénérable famille compte. "Un jour, je l´ai vu sortir radieux d´un conseil d´administration durant lequel il avait réussi à obtenir gain de cause pour un investissement qui allait affecter les dividendes que les 70 membres de la famille allaient toucher", raconte un ancien de la maison.
Quand il en prend les rênes, Hermès pèse l'equivalent de 42 millions d'euros de chiffre d'affaires. Une PME. En 2009, celui-ci a atteint 1,9 milliard. Entre-temps, Jean-Louis Dumas a introduit la société en Bourse en 1993, où elle vaut aujourd'hui plus de 10 milliardes d'euros, une somme considérable pour sa taille. Il l'a internationalisée, diversifiée et l'a propulsér dans le XXI siècle. La prestigieuse enseigne s'est posée sur 300 magasins aujourd´hui dans le monde, dont des navires amiraux comme l'immeuble de verre construit à Tokyo par Renzo Piano. Rena Dumas, l´épouse d'origine grecque de Jean-Louis décédée en avril 2009, conçut également de nombreuses "maisons Hermès" sur tous les continents avec son agence RDAI.
C'était ça le style Jean-Louis Dumas : la classe sans se prendre au sérieux, la rigueur protestante mêlée à une fantaisie débridée. Cet homme vif, chauve, pince-sans-rire, au charme illimité, a été le bon génie d'Hermès qui, sans lui, serait peut-être resté un antique sellier parisien au lieu de devenir la plus prestigieuse de marques de luxe au monde.
Jean-Louis Dumas faisait partie de la cinquième génération d'héritiers du fondateur Thierry Hermès par sa mère Jacqueline Hermès, épouse Dumas. Son pendant près de vingt ans, après son grand-père, Émile Hermès.
Après Sciences Po et l'Algérie, il part travailler pour le grand magasin Bloomingdale's à New York. Pluis il accomplit son voyage initiatique Paris-Katmandou au volant d'une 2CV. L'influence de l'Inde marquera définitivement son univers créatif. De retour au bercail, il rejoint la maison familiale, comme nombre de ses aïeux et cousins, et prend sa tête en 1978. Il lui aut alors s'imposer dans ce cénacle où la voix de chaque représentant de la vénérable famille compte. "Un jour, je l´ai vu sortir radieux d´un conseil d´administration durant lequel il avait réussi à obtenir gain de cause pour un investissement qui allait affecter les dividendes que les 70 membres de la famille allaient toucher", raconte un ancien de la maison.
Quand il en prend les rênes, Hermès pèse l'equivalent de 42 millions d'euros de chiffre d'affaires. Une PME. En 2009, celui-ci a atteint 1,9 milliard. Entre-temps, Jean-Louis Dumas a introduit la société en Bourse en 1993, où elle vaut aujourd'hui plus de 10 milliardes d'euros, une somme considérable pour sa taille. Il l'a internationalisée, diversifiée et l'a propulsér dans le XXI siècle. La prestigieuse enseigne s'est posée sur 300 magasins aujourd´hui dans le monde, dont des navires amiraux comme l'immeuble de verre construit à Tokyo par Renzo Piano. Rena Dumas, l´épouse d'origine grecque de Jean-Louis décédée en avril 2009, conçut également de nombreuses "maisons Hermès" sur tous les continents avec son agence RDAI.
"L'idée de génie de Jean-Louis Dumas a été de ne pas miser sur le prêt-a-porter et la mode à une époque où c'était le passage obligé, raconte Jean-Jacques Picart, conseil dans l'univers du luxe, qui fut attaché de presse de la marque de 1976 à 1983. Au contraire, il a voulu faire plébisciter les produits emblématiques de la maison, le sac Kelly, le carré de soie, les gants, les agendas, les "sacs à dépêches" (cartables en jargon Hermès). C'était une vision d'un luxe pur et dur, très cher, pas facile à trouver. Hermès devait se mériter". Selon sa " logique de paysan", Dumas voulait faire grandir l'entreprise, oui, mais sans renier ses fondaments artisanaux. La croissance est ainsi corrélée à la capacité de production des ateliers, et les clients doivent souvent patienter longuement sur liste d'attente avant de pouvoir's offrir le sac convoité au gré du lent travail des artisans. Cette maîtrise, contrastant avec la course folle d'autres marques en période d'euphorie, a aussi permis à Hermès de bien résister pendant la crise. Avec un sens de la provocation délicieux face aux canons du marketing en vogue, Jean-Louis Dumas déclarait en 2000 au Figaro: "Notre premier client, c'est le cheval; le deuxième, le cavalie."
Ce socle historique réaffirmé n'était pas pour autant synonyme de fossilisation. En même temps qu'il relance le Kelly, créé dans les années 1930, Jean-Louis Dumas demande à Jane Birkin, rencontrée dans un avion, ses idées pour imaginer le sac qui allait porter son nom et devenir la seconde icône de la maison du faubourg. Il lance les montres, la vaisselle, achète les Cristalleries Saint-Louis, le chapelier Motsch, l'orfèvre Puiforcat pour constituer, avec le bottier John Lobb acquis en 1976, un petit groupe d'entreprises réunies par la même fois dans un travail bien fait. Cette même passion le fait s'égarer à investir chez le fabricant de ses appareils photo fétiches, Leica, dont le groupe a dû se séparer ensuite. Plus audacieux encore, il prend en 1999 un tiers du capital de la maison de l'enfant terrible de la mode de années 1980, Jean Paul Gaultier, à qui il demande de dessiner les collections féminines d'Hermès, après le départ de Martin Margiela, déjà l'un des créateurs les plus radicaux qui soient.
Jean-Louis Dumas sortait rarement sans son Leica et son petit carnet rouge, sur lequel il griffonnait ses croquis. Au 24, Faubourg-Saint-Honroé, il vivait comme dans son "château magique". Au sommet de l'édifice, son bureau ouvrait sur un jardin terrasse où il aimait emmener ses visiteurs admirer son magnolia et son pommier.
"Esthète et excellent homme d'affaires", selon son successeur Patrick Thomas, Dumas s'est attaché toute sa carrière à maintetenir l'entreprise entre les mains de la famille. En 1989, il avait modifié ses statuts pour créer une commandite. Les héritiers contrôlent toujours 70% du capital, malgré les coups de boutoir de prédateurs et les spéculations des marchés financiers depuis qu'il s'est retiré en mars 2006, pour faire face à la maladie. Pour la première fois, un manager extérieur à la famille avait pris les commandes. Avec son fils, Pierre-Alexis Dumas, directeur artistique du groupe Hermès depuis février 2009, la sixième génération d'Hermès monte en puissance.
Ce socle historique réaffirmé n'était pas pour autant synonyme de fossilisation. En même temps qu'il relance le Kelly, créé dans les années 1930, Jean-Louis Dumas demande à Jane Birkin, rencontrée dans un avion, ses idées pour imaginer le sac qui allait porter son nom et devenir la seconde icône de la maison du faubourg. Il lance les montres, la vaisselle, achète les Cristalleries Saint-Louis, le chapelier Motsch, l'orfèvre Puiforcat pour constituer, avec le bottier John Lobb acquis en 1976, un petit groupe d'entreprises réunies par la même fois dans un travail bien fait. Cette même passion le fait s'égarer à investir chez le fabricant de ses appareils photo fétiches, Leica, dont le groupe a dû se séparer ensuite. Plus audacieux encore, il prend en 1999 un tiers du capital de la maison de l'enfant terrible de la mode de années 1980, Jean Paul Gaultier, à qui il demande de dessiner les collections féminines d'Hermès, après le départ de Martin Margiela, déjà l'un des créateurs les plus radicaux qui soient.
Jean-Louis Dumas sortait rarement sans son Leica et son petit carnet rouge, sur lequel il griffonnait ses croquis. Au 24, Faubourg-Saint-Honroé, il vivait comme dans son "château magique". Au sommet de l'édifice, son bureau ouvrait sur un jardin terrasse où il aimait emmener ses visiteurs admirer son magnolia et son pommier.
"Esthète et excellent homme d'affaires", selon son successeur Patrick Thomas, Dumas s'est attaché toute sa carrière à maintetenir l'entreprise entre les mains de la famille. En 1989, il avait modifié ses statuts pour créer une commandite. Les héritiers contrôlent toujours 70% du capital, malgré les coups de boutoir de prédateurs et les spéculations des marchés financiers depuis qu'il s'est retiré en mars 2006, pour faire face à la maladie. Pour la première fois, un manager extérieur à la famille avait pris les commandes. Avec son fils, Pierre-Alexis Dumas, directeur artistique du groupe Hermès depuis février 2009, la sixième génération d'Hermès monte en puissance.
Le Figaro, 3 mai 2010
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