segunda-feira, 25 de outubro de 2010

Ce que Shakespeare répond à Sarkozy


Grégoire Lémenager


Il y en avait du beau monde, ce mardi 19 octobre, dans les manifs parisiennes. C'est Ariane Mnouchkine qui l'avait enrôlé, pour défiler avec le cortège de son mythique Théâtre du Soleil. Sur des banderoles qui ont fait sensation, on pouvait en effet lire quelques slogans plutôt bien troussés. Ils étaient signés Benjamin Constant :

«Que l'autorité se borne à être juste, nous nous chargerons d'être heureux.»

Romain Rolland :

«Quand l'Ordre est injustice, le Désordre est déjà un Commencement de Justice.»

Ou encore Jean-Jacques Rousseau :

«On a tout avec de l'argent, hormis des moeurs et des citoyens.»

Et Victor Hugo :

«Triste spectacle public
On ne songe plus qu'à soi
Les dignités, les places, l'argent
On prend tout, on veut tout, on pille tout
On ne vit plus que par l'ambition et la cupidité»

Tandis que les éditorialistes anglo-saxons s'interrogent sur l'étrange passion française qui pousse notre bon peuple à battre le pavé, il s'y trouvait même un auteur venu expressément d'Outre-Manche pour livrer cette analyse, éminement politique, de la situation :

« A présent des révoltes incessantes lui reprochent ses parjures. Ceux qu'il commande n'agissent que sur commande. Rien par amour. Maintenant il sent son titre qui pend, flasque, sur lui. Comme la robe d'un géant sur un faussaire nain.»

Ce texte-là est signé Shakespeare, le dramaturge de «Macbeth» et de «Beaucoup de bruit pour rien», dont on se demande un peu ce qu'il aurait pensé de se retrouver dans une telle cohue.

N'empêche, dix-huit mois après certain mouvement de Clèves générale, très précisément la semaine où Audrey Pulvar citait Césaire pour répondre à l'humour très délicat de Jean-Paul Guerlain, et où Martine Aubry se décidait enfin à souligner le rôle central de la culture pour «unir les générations», la littérature était dans la rue. C'est déjà ça.



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